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Enjeu de la reprise : de l’urgence aux nouvelles régulations !

Enjeu de la reprise : de l’urgence aux nouvelles régulations !

Gérer la reprise : de l’urgence à la nécessité de nouvelles régulations !


Les mois passés ont été chahutés. Laissant derrière nous l’expérience singulière d’un mode urgence bricolé, nous avons assez vertement pris conscience du besoin de gagner en souplesse, agilité, résilience, adaptabilité. Si le constat s’impose, la mise en application s’annonce plus difficile. La clé sera de trouver de nouvelles formes de régulation aux justes équilibres entre des enjeux parfois contraires. Le défi de la reprise est nommé.

Cet article propose un éclairage sur cinq dimensions de l’entreprise : le positionnement marché, la relation d’emploi, l’organisation et ses processus, le management, les technologies. Il suggère en conclusion quelques recommandations pratiques guidées par l’acuité de la pensée systémique, discipline mère, que nous invitons à (re)découvrir.

1 – Un écosystème marché coconstruit

Une projection prospective circule de plus en plus dans les communautés économique et managériale : l’entreprise de demain s’inscrira dans un écosystème marché qui ne sera plus régi par les seules règles de la compétition concurrentielle. La valeur (client) détrônera le profit (entreprise). Les chaînes de valeur marché multi-acteurs supplanteront des relations contractuelles bilatérales client-fournisseur. Les circuits courts de proximité et l’intermédiation des plateformes proposeront de nouveaux optimums business.

Dans ces écosystèmes marché ouverts, les acteurs seront invités à travailler ensemble, dans une approche véritablement collaborative, partenariale, satisfait-satisfait pour tous.
De nouvelles régulations sont à construire. La valeur en sera le socle-guide :

  • Quel est le potentiel valeur du marché ?
  • Quelle est ma place dans la chaîne de valeur globale de mon marché ?
  • Quels partenariats et synergies avec d’autres peuvent créer un effet levier ?
  • Comment répartir équitablement la richesse produite entre tous les acteurs ?

De la compétition par le profit, à la régulation par la valeur, la transition est déjà en marche.

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2 – De nouvelles formes de relation d’emploi

La relation d’emploi historique, salaire contre subordination, est de plus en plus questionnée. Les carrières professionnelles sont hachées, plusieurs employeurs, plusieurs métiers, jalonnent une vie professionnelle. De nouvelles modalités contractuelles, telles le portage salarial, le micro-entreprenariat, les plateformes d’intermédiation, cassent la relation directe employeur-employé.

Avec le télétravail, les dogmes de l’unicité du lieu de travail et du temps de travail sont tombés. Le code du travail actuel n’est plus adapté.

De nouvelles régulations doivent aider à imaginer de nouvelles formes de relation d’emploi. Il convient de répondre, à la fois, à la souplesse requise par l’évolution du marché de l’emploi et à la préservation des intérêts légitimes de chacune des parties. Côté entreprises, l’enjeu premier portera sur le recrutement et la fidélisation des talents et des compétences. Côté collaborateurs, les revendications porteront sur la qualité de vie au travail, la rémunération et la sécurisation des parcours professionnels tout au long de la vie.

Mais les résistances s’annoncent nombreuses. Les ancrages idéologiques sont tenaces.
Le désamorçage consistera à préférer la régulation au rapport de forces. L’accumulation de couches de lois et de règlements enchevêtrés de millefeuilles dérogatoires (spécificité bien française) échoue à créer le consensus. Il en ressort toujours un gagnant et des perdants. Une négociation satisfait-satisfait, guidée par des principes universels simples, équitables, lisibles, fera converger des partenaires dans l’assertivité.

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Pour la reprise : de nouvelles formes de relations d’emploi

3 – L’organisation et ses processus : une chaine de valeur « customer & people centric « 

Plus qu’une prévision, une certitude : petites ou grandes, les entreprises trop rigides vont disparaitre.

Déjà, beaucoup d’organisations ont perdu le contrôle d’elles-mêmes, précisément par excès de contrôles. Elles ont multiplié les outils. Elles ont poussé la logique trop loin (les nouvelles technologies de collecte et d’analyse de la donnée pourraient d’ailleurs renforcer leur aveuglement).

Il est donc indispensable de remettre de la régulation là où il y a excès de contrôle Non en « libérant » l’entreprise de ses processus, de ses règles, de ses tableaux de bord, car ils sont indispensables.
Mais en supprimant les freins inertiels qui rigidifient l’organisation et en trouvant de nouvelles régulations :

  • A l’hermétisme des silos organisationnels,
    • Favoriser la transversalité intra-organisationnelle,
    • S’engager dans la voie du pilotage par des chaînes de valeur business qui réalisent la promesse clients.
  • Au carcan des processus opérationnels qui se vivent comme des procédures,
    • Comprendre que le problème ne porte pas sur les processus mais l’absence de régulation des dépendances-influences entre les flux d’activité, entre les individus, entre les processus liés,
    • Autoriser ceux qui « font », à prendre des initiatives et les responsabiliser, ils s’auto-réguleront.
  • A la verticalité de la gouvernance,
    • Décentraliser la prise de décision et les arbitrages au juste niveau,
    • Rendre visible l’information à tous les étages (y compris le stratégique),
    • Mettre en place des instances de médiation collégiale internes.

En un mot, il s’agit de mettre de l’huile dans les rouages de l’organisation.

4 – Le management par la mobilisation

Nous sommes proches d’un point d’inflexion. Le management par la contrainte a vécu, et le management par la mobilisation devient la nouvelle norme.
Le mouvement est puissant : il invite à passer d’un management d’individus subordonnés à l’autorité à un management d’équipes portées par le sens ; le participatif, le coopératif, le délégatif sont exhortés comme de nouveaux leitmotive.

Beaucoup de managers n’y sont pas préparés. L’augmentation des interactions entre les individus génère un niveau de complexité « humaine » difficile à appréhender.
De façon contre-intuitive, plutôt que chercher à diminuer cette complexité, il convient, habilement de la susciter, de l’encourager, de maintenir un haut niveau d’échanges entre les individus. La seule règle incontournable est de veiller, sans compromission, au respect des principes élémentaires du savoir-être, de la non violence, du respect d’autrui, de la politesse et de la cordialité.

Fort de cet impératif (plus difficile à ancrer dans les faits qu’il n’y parait), magie du collectif, le groupe trouve toujours par lui-même ses propres mécanismes de (auto)régulation.
Le manager avisé se donnera pour mission de créer l’environnement favorable au développement d’une réelle culture de la qualité relationnelle, en :

  • Donnant le sens,
  • Insuflant un esprit positif, bienveillant, résolument optimiste (c’est contagieux),
  • Favorisant le travail d’équipe, la coconstruction, l’autonomie, la responsabilisation, le soutien entre pairs, le contrôle par les pairs,
  • Développant une culture du feedback et de la remise en cause constructive,
  • Mettant en place des rituels
  • Etant attentif aux rythmes de travail, sanctuarisant des moments de respiration et cherchant le juste équilibre distanciel-présentiel.
  • Multipliant les occasions d’échange entre équipes, entre métiers, dans et en dehors de l’entreprise.
  • Etant vigilant pour lui-même afin de ne pas tomber dans les excès de style.

Autant de mécanismes de régulation qui, mis bout à bout, peuvent tout changer.

pour la reprise, un management plus participatif

5 – Les nouvelles technologies (big data – IA – RPA)

Les nouvelles technologies sont en train de changer la face du monde. C’est exaltant !
Mais elles portent en elles les germes d’excès destructeurs si elles ne sont pas régulées.

L’automatisation déraisonnée des processus, si elle ne repose pas sur une approche sincère visant l’amélioration du travail des individus, créera de nouveaux carcans « néotayloriens », la main pilotée par la machine, l’opérateur contraint de mettre son génie d’initiative en veille. Tropisme, les entreprises peuvent succomber aux sirènes de la technologie, processer davantage dans le seul et unique but de rendre l’activité robotisable. Illusion et casse sociale à la clé

Le big data, le process mining, débridés, pourront donner aux managers des outils terriblement efficaces de contrôle de leurs collaborateurs. La confiance risque de se déporter de l’intuitu personae sensible, nuancé, à une donnée, froide, décontextualisée. Un retour à un command&control 2.0 par la voie technologique.

Les IA, leur fonctionnement boîte noire, leurs biais inhérents de codage et d’entraînement de l’algorithme, posent les questions de la représentativité et de l’éthique. Les IA devront être supervisées par des considérations humaines d’ordre supérieur. Risque de dérapages incontrôlés. Beaucoup en ont déjà conscience.

Les nouvelles technologies amènent assurément à trouver de nouvelles régulations. La loi RGPD en est la première partie émergée.

gérer la reprise en s’appuyant sur les nouvelles technologies

La systémique : un outil puissant pour mieux progresser

Dans ce monde en passe de devoir trouver de nouvelles régulations, la systémique, discipline mère, offre l’outillage conceptuel, méthodologique et pratique dont nous avons besoin.
La systémique met en avant trois régulateurs fondamentaux :

  • L’alignement par la finalité,
  • Les boucles de rétroaction,
  • La vision écosystémique.

De ces trois régulateurs, l’alignement par finalité est probablement le plus puissant. La vision transcendante, la mission commune, l’orientation tournée vers le futur désirable, le sens donné à l’action, agissent comme une boussole. Lorsque chacun est guidé par l’élan du sens, les dispositifs de contrôle peuvent être réduit à leur portion congrue. La finalité est la condition de l’autonomie.

Les boucles de rétroaction sont la clé d’une régulation qui s’auto-produit. Penser en termes de rétroaction permet de se poser les questions utiles, des dépendances-influences entre processus et individus, de la mise en action en
mode « test&learn » itératif, de la conception « adaptative & resilient centric « , de la fluidification des flux d’information et de décision, du respect des rythmes et du juste tempo, des seuils dysfonctionnels à ne pas franchir, de la résolution des problèmes par autorégulation locale là où ils apparaissent…

La vision écosystémique porte un principe d’action fondamental : le tout est plus que la somme des parties. La relation entre le un et le tout est LE problème fondamental de toute forme d’organisation collective. L’amélioration d’une composante ne doit jamais être acquise au détriment de la performance de l’ensemble. Pas de perdant, une logique gagnant-gagnant pour toutes les parties prenantes, le soin apporté à chacun, sont autant de conditions qui
font l’efficacité de la chaîne de valeur globale.

Démocratiser la discipline, former le plus grand nombre, aurait un effet démultiplicateur qui pourrait être déterminant.

Pour la reprise , la systémique, outil puissant pour progresser

Ne risquez pas le hors contrôle, régulez !

Cette formulation un brin provocatrice porte l’esprit de cet article. La régulation sera une des clés des défis qui nous attendent.

Après la révolution charriée par le digital et les médias sociaux, la nouvelle ère de la société algorithmique et de la responsabilité environnementale, encore plus sismique, annonce un changement de donne profond de nos modèles d’affaire et de nos modes de vie.

Pour gérer ces ruptures avec sérénité, il conviendra de trouver la ligne de crète entre des complexités croissantes et entremêlées. Cela n’ira pas de soi. Un siècle et demi de management et d’organisation par le contrôle prescrit, descendant, directif, planifié, a profondément encodé nos esprits. Et nous sommes désormais invités à penser en termes d’optimum et d’équilibre plutôt que de maximisation. Beaucoup des nouveaux réflexes à acquérir sont contre-intuitifs.

Outre le fait qu’il n’y ait pas le choix sur l’enjeu des transformations à opérer, la voie de la régulation est la plus sûre pour nous amener, avec optimisme et hauteur de vue, sur le chemin de notre avenir meilleur.

Dans ce contexte, Digispin entend apporter sa pierre à l’édifice, en accompagnant les dirigeants de petites et moyennes entreprises, qui constituent son cœur de clientèle, dans cette démarche, en mobilisant un réseau riche d’une centaine d’experts indépendants à travers la France. Parlons-en!

Fabrice Schwalm
Consultant Digispin

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