LA CRISE COVID-19, ACCELERATEUR PUISSANT DES MUTATIONS DU TRAVAIL DANS L’ENTREPRISE
Daniel Milelli, consultant senior et coach en transformation et gestion du changement, prolonge notre série « I-dée-confinée » avec une réflexion sur la mutation du travail qui intervient en accéléré sous pression de la crise sanitaire.
Depuis le début de la crise sanitaire liée au COVID-19, jamais un changement aussi profond ne s’était opéré sur nos modes de travail. L’impact a été important et immédiat sur l’ensemble de nos pratiques, modifiant considérablement la notion d’espace de travail. Il a fallu nous adapter rapidement pour faire face à ces bouleversements pour le moins inattendus.
Retour en arrière sur ces changements et ce que cette crise nous apprend pour l’avenir.
Du jour au lendemain, l’ensemble de notre contexte de travail a été brutalement modifié. Nous avons été confrontés à la nécessité de changer. Changer nos habitudes de travail, changer notre environnement de travail, changer nos manières de prioriser et organiser le travail. Il nous a fallu également adopter massivement de nouveaux outils digitaux.
Le télétravail ou plutôt le travail à distance est devenu la norme pour un grand nombre d’entre-nous sans que nous y soyons réellement préparés.
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Cette transformation était pourtant devant nous depuis quelques années. Nous n’avons tout simplement pas voulu la voir ou y croire. Les besoins de collaboration, de non-colocalisation et de travailler à distance sont émergeants de manière plus ou moins forte selon les parties du globe (+ de 30% de télétravailleurs dans les pays scandinaves contre un peu moins de 10% en France…) ou quelques sociétés qui ont érigé ce mode de fonctionnement en vertu (StartUp, GAFAM, NATU…).
Cette crise aura de toute façon changé le regard sur le travail à distance. Elle à agit comme une expérimentation à très grande échelle. La confiance ne pouvant plus agir comme un frein au télétravail (souvent non exprimé de manière explicite par de nombreux acteurs). « La meilleure façon de savoir si l’on peut faire confiance à quelqu’un, c’est de lui faire confiance » (E. Hemingway) s’est imposé de fait.
De la même manière que les collaborateurs ont été confrontés brutalement à ce nouveau contexte de travail, le management s’est lui aussi trouvé face à de nouveaux enjeux : Assurer la continuité de l’activité clients, proposer des solutions nouvelles adaptées à la situation tout en maintenant le fonctionnement interne de l’entreprise. En quelque sorte il a fallu réinventer l’entreprise et renforcer son excellence opérationnelle sans renier ni sur l’expérience client, ni sur l’expérience collaborateur et en intégrant l’idée, qu’au-delà de la crise actuelle, les évolutions liées au contexte doivent être naturelles et permanentes.
Plus que jamais l’innovation et l’agilité de l’organisation du travail doivent être vus, aujourd’hui, comme des accélérateurs indispensables au bon fonctionnement de l’entreprise.
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Coté collaborateur, les enjeux ont plutôt été de trouver du sens au confinement, de garder un lien social avec l’entreprise, ses clients, ses collègues, de préserver son sentiment d’appartenance, d’être rassuré sur son statut au sein de l’organisation et l’avenir de son job (plus particulièrement pour ceux confrontés au chômage partiel).
L’envie d’être utile et de travailler pour le bien commun sont devenus les motivations principales du collaborateur. Son rapport au travail s’est transformé. Le collaborateur a passé l’essentiel de son temps en réunion à distance, cela a entrainé une perte d’habitudes et de repères, nécessitant de restructurer temps et discipline personnelle.
D’une certaine manière le confinement a augmenté l’efficacité du temps passé en réunion, bien aidé par la maturité des outils digitaux déjà présents. Outils qui, contrairement à la plupart des entreprises, étaient prêts à servir ses nouveaux modes de travail.
Certaines entreprises les exploitaient déjà et en ont renforcé leurs usages, d’autres ont dues réagir rapidement pour trouver les bons outils et déployer de nouveaux modes d’interactions.
Bien entendu le travail à distance avec les outils digitaux n’a pas le même niveau de confort et d’interaction qu’en présentiel, mais il présente quelques avantages certains en termes de production de contenus, de qualités des échanges et de partage, sans parler des gains sur les temps de transport. Les réunions ont démarré à l’heure respecté les timing impartis et permis d’être « focus » plus que d’habitude.
Les technologies sont devenues vertueuses, elles ont arrêté de faire peur pour permettre de gagner en efficacité, et ont permis d’humaniser le travail en confinement !
Un monde virtuel s’est naturellement imposé sans pour autant copier/coller le monde réel, ce qui finalement est plutôt heureux pour l’humain (mais c’est un autre débat…)
Mais qu’en restera t’il demain, quand il faudra retourner au travail ou affronter la seconde vague de l’épidémie ou une nouvelle crise d’envergure, qu’aurons-nous retenu de ces nouveaux modes de travail ?
D’une certaine manière le télé travail s’est installé durablement dans les esprits, il oblige les entreprises grandes ou petites à revoir leur stratégie en la matière. Aller au travail pourrait devenir une option plus qu’une nécessité quotidienne.
La digitalisation va se poursuivre et probablement s’accentuer là où les difficultés d’adaptation à la situation ont été les plus fortes. La nécessité d’une organisation du travail souple, agile et adaptable en permanences aux circonstances va être plus vraie que jamais.
L’anticipation et l’innovation, que ce soit dans l’expérience utilisateur ou l’expérience client, la refonte des process, chaines de valeurs, produits et services… aura probablement de beaux jours devant elle pour qu’une crise aussi forte soit elle ne bloque pas l’économie durablement.
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